Reportage bateau à moteur

La plaisance électrique

Un courant continu
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Respectueux de l'environnement, silencieux, performant et économique à l'usage, le bateau de plaisance électrique a «tout bon» sur le papier. Il représente déjà une alternative crédible à la propulsion thermique pour les navigations en eaux intérieures… mais pas encore en mer. On fait le point.


Nous avions mis en avant les vertus de la propulsion électrique dès 2009 (MBM n° 232), une période qui voyait émerger les premiers modèles de bateaux non polluants, silencieux et permettant de naviguer toute une journée pour quelques euros, à peine. Plus de cinq ans après, la filière a démontré qu'elle était économiquement viable pour les bateaux de labeur et de passagers : « 85 bateaux-mouches (30 % du parc) d'Amsterdam sont électriques, par exemple, et quelque 10 000 annexes électriques officient pour des opérations portuaires ou pour de grands yachts dans le monde », selon le compte rendu du congrès PlugBoat, le premier consacré aux bateaux électriques, qui se tenait à Nice en octobre 2013.



Du côté de la plaisance et des bateaux de particuliers, en revanche, ce n'est pas encore l'explosion de l'électrique. Les batteries – et les infrastructures liées à leur recharge rapiderestent le principal frein ; et pas seulement en raison de leur coût élevé. Des progrès importants ont été réalisés en termes d'encombrement et de performance, mais elles ne parviennent pas à conjuguer vitesse et autonomie. Si la technologie actuelle permet à certains bateaux de dépasser 20 nœuds – voire 80 nœuds théoriques pour l'offshore Cigarette 38 AMG Electric Drive ! – ou de naviguer plusieurs heures durant, généralement entre 5 et 8 nœuds, elle ne permet pas de concilier les deux.



En mer, la zone de navigation est restreinte aux côtes et il reste le problème d'une réserve de puissance suffisante pour contrer la force des courants, des vagues ou du vent. Le bateau électrique se montre adapté, en revanche, aux navigations à la journée sur lacs, bassins ou golfes abrités, où il présente un véritable intérêt.  

La société française Ruban Bleu l'a bien compris. Créée il y a une vingtaine d'années, elle est le plus grand constructeur européen de bateaux électriques et elle dispose aujourd'hui d'une gamme de canots dédiés aux professionnels de la location comme aux plaisanciers. Plus de 1 200 exemplaires de ses modèles Ace, Scoop ou encore Most ont été vendus.



Sur un segment plus élitiste, le chantier Frauscher a produit dès 1955 son premier bateau électrique. Son offre compte à ce jour cinq modèles vertueux, élégants et qui répondent parfaitement au bannissement des moteurs thermiques sur la plupart des lacs autrichiens. Un autre acteur majeur est le motoriste Torqeedo, qui a récemment développé une gamme de hors-bord et d'in-bord électriques de plaisance. Les puissances de ces moteurs peuvent atteindre 30 et 60 kW, soit l'équivalent de 40 et 80 chevaux thermiques. Lors du Nautic 2012, on se souvient de la marque américaine Regen qui avait fait sensation avec un prototype de 135 kW, presque 180 chevaux !


Frauscher 610 San Remo – Interview de Stefan Frauscher dans le JT 21.





JT 21 – JUILLET AOUT 2013 par moteur-boat

 


En marge des séries commerciales, les vitrines technologiques de cette plaisance électrique foisonnent et prennent diverses formes. Boucler un slalom de ski nautique et pratiquer le wakeboard sans une goutte d'essence sont choses possibles, grâce aux modèles « survoltés » Correct Craft E ou Epic 232 SE. Quant à l'extravagant offshore Cigarette 38 AMG Electric Drive, dévoilé à Miami en 2013, et équipé de douze moteurs (1 656 kW au total) et de 48 batteries (capacité de 240 kWh), il permet de frimer à plus de 50 nœuds – pour quelques dizaines de minutes seulement. Enfin, le Supiore Uno, un sympathique canot originaire des Pays-Bas, promeut le pique-nique écolo et à flot sur les canaux d'Amsterdam. À défaut de solution entièrement électrique, la croisière hauturière passe pour l'instant par des motorisations hybrides diesel-électrique, à l'image des vedettes Greenline.


Essai du Correct Craft Ski Nautique E





LE PETIT JOURNAL DE MIAMI – DAY 2 par moteur-boat



À noter enfin, l'accord signé en 2013 par Nissan et la Fédération française des ports de plaisance (FFPP), pour équiper en bornes de recharge rapide les abords des marinas, est un autre exemple d'interaction entre la mobilité électrique terrestre et nautique. Pour beaucoup, d'ailleurs, l'avènement de l'automobile électrique constitue le préalable nécessaire à un véritable essor du bateau électrique.

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