Manoeuvres & matelotage

Mouiller sur deux ancres

Cas particulier
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Des conditions particulières, géographiques ou météorologiques, peuvent inciter fortement, voire obliger, à mouiller sur deux ancres.


Tête et cul : avec une ancre à l'avant et une autre à l'arrière, on empêche le bateau d'éviter. Mais on risque de le soumettre au vent et au courant traversiers. On ne peut donc mouiller de cette façon qu'en rivière plutôt encaissée, dans l'axe de son lit. Dans une crique méditerranéenne (donc sans courant), on peut se maintenir ainsi face au vent et à la houle du large, mais il ne s'agit pas de conditions de mouillage idéales. Dans tous les cas, il faut laisser du mou entre les deux lignes de mouillage afin de ne pas nuire à leur tenue.


Affourcher : deux ancres mouillées par l'avant, sur des lignes de mouillage différentes mais de longueurs identiques, limitent l'évitage du bateau si elles forment un angle bien ouvert. En revanche, la tenue du mouillage ne s'en trouve pas nettement améliorée, car il est bien rare que les deux ancres travaillent simultanément, et le bateau peut chasser alternativement sur chacune des deux ancres. Par vent fort, on limite ce risque en réduisant l'angle que forment les deux lignes de mouillage à moins de 40° ; il suffit de les allonger. La traction sur les deux ancres devient alors plus uniforme, mais la zone d'évitage augmente. L'affourchage à 180° est intéressant dans une zone soumise à des courants circulaires. Les deux ancres, mouillées par l'avant mais à l'opposé l'une de l'autre par rapport au bateau, limitent la zone d'évitage à un cercle dont le rayon est à peine supérieur à la longueur du bateau. Mouillé de cette façon, le bateau ne se trouve jamais en travers du courant. Pour affourcher, on peut mouiller la deuxième ancre en filant la ligne de la première pour se diriger au moteur jusqu'au point choisi pour le second mouillage. On mouille ensuite la deuxième ancre dont on file la ligne tout en reprenant celle du premier mouillage. Si l'on ne dispose pas d'aussières assez longues pour cette manœuvre, on peut utiliser l'annexe pour mouiller la deuxième ancre.


Empenneler : empenneler consiste à relier une seconde ancre à l'ancre principale par une chaîne de quelques mètres ou par une ligne textile (attention au ragage sur le fond). L'efficacité du mouillage s'en trouve considérablement augmentée. À ce titre, l'empennelage est précieux par mauvais temps pour assurer la sécurité du mouillage. On ne peut toutefois empenneler qu'avant de mouiller. Si l'on s'y décide après, il faudra relever l'ancre pour la mouiller à nouveau après avoir empennelé. Cette manœuvre assez longue risque de laisser au vent le temps de drosser le bateau à la côte. Sans compter que la manœuvre de ces deux ancres est nettement plus complexe que celle d'une seule ancre. C'est pourquoi, lorsque le temps se gâte, l'affourchage reste souvent la seule solution pour renforcer un mouillage initialement assuré par une seule ancre. Mais ce n'est, dans ce cas, qu'un pis-aller.


Utiliser l'annexe : l'annexe rend service pour mouiller une seconde ancre. On y place d'abord cette dernière, puis la chaîne et la longueur de câblot nécessaire. À deux, la manœuvre est plus pratique pour filer la ligne de mouillage au fur à et mesure que l'on s'éloigne du bateau, tout en la maintenant à l'écart de l'hélice. Lorsqu'on est parvenu en bout de ligne, on largue l'ancre en la retenant par un orin tout en continuant de tendre la chaîne en maintenant l'annexe en marche avant. Si la ligne de mouillage est intégralement en chaîne, on ne pourra s'éloigner avec l'annexe que si on a intercalé un cordage léger entre la chaîne et le bateau. Ce cordage sera intégralement repris à bord du bateau au fur et à mesure que la chaîne sera immergée à partir de l'annexe.

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