Manoeuvres & matelotage

Les bons réflexes du plaisancier

Révisions avant la saison
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Acquérir les bons réflexes en mer, mais aussi avant de larguer les amarres, c’est l’assurance de profiter pleinement de sa sortie et de minimiser les tracas. Voici un mémento sur les précautions d’usage qu’on a tendance à oublier, ainsi que nos conseils sur la sécurité. Le mot clef pour naviguer serein ? Anticiper !

Optimiser la remorque

Il faut vérifier avant de prendre la route la pression et l’usure des pneus de la remorque, 
la bonne visibilité de la plaque d’immatriculation, et le bon fonctionnement des phares, clignotants et feux de stop. Puis réviser les limites de vitesse pour les ensembles attelés, en ville, sur route et sur autoroute ; sécuriser le bateau avec un bout pour éviter qu’il ne grimpe sur la voiture en cas de freinage d’urgence ; vous pouvez peser l’attelage en condition de charge sur un pèse-véhicule public.

Il est sage de prévoir une marge de sécurité de 15 à 20 % par rapport au PTAC de la remorque. Pesez également
le poids sur la flèche et vérifiez qu’il est conforme aux recommandations du constructeur. Au volant, il faut prendre en compte l’allongement des distances de freinage, la moindre capacité à accélérer, et laisser au moins 50 mètres de distance avec le véhicule qui précède. Une vitesse excessive, un coup de volant ou l’appel d’air au moment du dépassement peuvent créer un phénomène de mise en lacet. Vérifiez aussi la hauteur de l’attelage (parkings, tunnels…). Il peut être judicieux d’emprunter les itinéraires recommandés aux poids lourds, en particulier en ville.

LE DERNIER A LA CALE PAIE L’APERO par moteur-boat

Réussir sa mise à l’eau

Rappelons qu’au moment de faire la marche arrière sur la cale de mise à l’eau, il faut tourner le volant dans le sens contraire de la direction où l’on souhaite emmener la remorque. Retirez la plaque de signalisation de la remorque, relevez le moteur, assurez-vous que vous avez suffisamment de carburant à bord, branchez le coupe-circuit, mettez les coupe-batterie en position « on », placez les pare-battage à poste et frappez un bout sur l’anneau de remorquage pour retenir le bateau une fois à l’eau. Sur les remorques non immergeables, mieux vaut éviter de mettre les moyeux dans l’eau, en particulier pour les remorques freinées. Pensez également à libérer la cale en garant la remorque dans 
un lieu approprié pour ne pas obstruer le passage, tout comme se retirer rapidement de la zone de mise à l’eau en cas d’affluence.

EMBOUTEILLAGE SUR LA CALE par moteur-boat

Vérifier l’armement

Il est bon de compléter la trousse médicale très basique fournie d’office avec l’armement, et ceci avec les conseils d’un pharmacien. La date de validité des feux automatiques à main et la date de dernière révision des extincteurs doit être contrôlée, tout comme celle du radeau de survie. Il faut avoir à bord le nombre de gilets ou brassières correspondant au nombre de personnes. Le choix de gilets autogonflants rendra plus facile le port permanent, qui est souhaitable en navigation. Pour les gilets, il est désormais possible de choisir l’option la plus adaptée parmi les équipements individuels de flottabilité. Chacun doit être adapté à la morphologie de l’utilisateur et répondre aux caractéristiques suivantes :

    • 50 newtons (aide à la flottabilité) pour une utilisation jusqu’à 2 milles d’un abri ;
    • 100 newtons (gilet de sauvetage) pour une utilisation jusqu’à 6 milles d’un abri.
    • Enfin, 150 newtons (gilet de sauvetage) pour une utilisation toutes zones et 100 newtons (gilet de sauvetage) pour les enfants de 30 kg maximum, quelle que soit la distance d’éloignement.

Rester gentleman à la barre

Pour la sécurité de l’équipage, le pilote préviendra avant d’accélérer et s’assurera que personne ne risque de tomber. Mettre le coupe-circuit permettra d’arrêter le moteur en cas d’urgence. La vitesse dans le port, 2 ou 3 nœuds, doit être respectée pour ne pas créer
de vague de sillage ; il en est de même dans la bande des 300 mètres, où la limite est de 5 nœuds.

La vitesse doit être adaptée à l’état de la mer pour ne pas transformer la balade en calvaire pour l’équipage. N’hésitez pas à prévenir les passagers en entrant dans une zone de vagues. Il est préférable d’anticiper plutôt que de couper brutalement les gaz ou faire une embardée.

Laissez la priorité aux embarcations moins manœuvrantes (voiliers, planches, kite) ; en cas de doute sur la priorité, mieux vaut s’écarter suffisamment à l’avance pour éviter tout risque de collision. D’une manière générale, il est préférable de se tenir à distance des embarcations à voile.

CHOC TERRIBLE par moteur-boat

Faire le point avant de démarrer

Jadis on disait « Fermez les écoutilles », mais la précaution reste valable aujourd’hui. Il faut donc veiller à ce que tous les hublots de cabine, coffres et panneaux de pont, soient bien fermés avant de partir en mer. Les cabines seront rangées pour éviter les bris d’objets, et la sellerie bien fixée. Récupérer un coussin en mer est fastidieux, surtout quand on est seul à bord et que le vent est de mise. Assurez-vous que l’échelle de bain est remontée.

Répartissez bien les poids à bord pour que la carène reste dans ses lignes. Les enfants devront porter un gilet de sauvetage, et seront de préférence assis à l’arrière dans le cockpit, et non à la proue avec les jambes à l’extérieur, comme on le voit trop souvent.

Assurez-vous que le mouillage est bien fixé à l’anneau d’étalingure. Mieux vaut relier la chaîne à l’anneau par un bout que par une manille, car il faut pouvoir larguer la chaîne si le mouillage doit être quitté en catastrophe par mauvais temps ou si l’ancre est vraiment coincée. Placer un épais morceau de moquette au fond de la baille évitera parfois à l’ancre d’abîmer les parois dans le clapot. Sécurisez l’ancre avec un bout pour éviter que le mouillage ne file en navigation. Ayez aussi un bout long pour le remorquage.

Avant de démarrer, il faut s’assurer d’être au point mort, et que la poire du réservoir est bien dure. Si c’est une nourrice, pensez à ouvrir l’évent pour éviter de caler plus tard. Au mouillage, au moment de repartir, vérifiez qu’aucun baigneur ne se trouve près de l’hélice et que tous les passagers sont bien remontés à bord avant de démarrer. Vérifiez aussi le bon fonctionnement des feux de navigation, avant que la nuit tombe ! Le chef de bord, responsable de l’équipage, pourra faire un rappel des règles de sécurité de base.

Préparer la navigation

Ayez à bord suffisamment d’eau potable et de nourriture (biscuits, fruits secs…), pensez à la crème solaire, aux lunettes et au couvre-chef ! Prévenez quelqu’un à terre de votre heure de départ, de l’heure estimée de retour et de l’itinéraire prévu. Ayez à portée de main les numéros de téléphone importants (vos proches, le Cross, la capitainerie…). Tracez à l’avance votre itinéraire sur la carte et entourez les points remarquables qui jalonnent le parcours ainsi que les zones de danger avec des marqueurs de couleurs différentes. Au besoin, des photocopies en couleur éviteront d’écrire directement sur la carte. Les différents way-points du parcours seront entrés sur un GPS traceur. Notez aussi les caps que vous allez devoir suivre.

Il sera utile de connaître les horaires de marée pour les jours de votre sortie. Avant de partir, il est bon de revoir les notions de base : balisage, cardinales, différents types de chenaux, danger isolé, etc., comme les trois principaux nœuds : nœud de chaise, de cabestan et nœud de taquet.

Évaluez votre consommation et votre autonomie : après avoir fait le plein, reliez un point A à un point B à une allure de croisière qui vous convient. Arrivé au point B, refaites le plein et estimez votre consommation horaire en croisière. Le bateau doit être en condition de charge habituelle, avec l’équipage et les pleins. Les instruments de bord type Fuel Management de Yamaha 
et Eco-Screen de Mercury seront également précieux pour connaître le meilleur rendement et estimer avec précision l’autonomie.

Enfin, il faut systématiquement prendre connaissance des prévisions météo avant chaque sortie (sur Internet ou par téléphone). Sur la VHF, les bulletins météo sont diffusés en continu par le canal 63. À l’entrée des capitaineries, un bulletin à jour est également affiché, n’hésitez pas à le consulter. Mieux vaut multiplier les sources  pour davantage de fiabilité.

LE NOEUD D’AMARRAGE RODÉO par moteur-boat

Anticiper les manœuvres et mieux piloter

Le mot d’ordre pour les manœuvres de port est : lentement ! Utilisez si possible le vent et le courant à votre avantage. Les pare-battage doivent être à poste bien avant l’accostage. Préparez aussi les amarres sur les taquets ; un ou deux équipiers seront en place pour assurer la manœuvre, les autres passagers évitant de se mettre dans le passage. Évitez à tout prix de déborder avec les mains ou les pieds, il vaut mieux utiliser une défense que de se casser le bras !

Si vous utilisez une annexe, soyez très vigilant lors du transfert ; c’est une cause fréquente d’accident. Il est plus prudent que les passagers gardent leur gilet, et que l’annexe soit tenue fermement ou maintenue par un bout. Évitez l’amarrage dos à quai avec un hors-bord, vous risquez d’abîmer le capot, et il est souvent plus difficile d’accéder au quai. Pensez aux gardes montantes et descendantes pour limiter les oscillations du bateau à sa place, en particulier pour un amarrage de longue durée. Prévoyez des gants pour manipuler la pendille, et vérifiez la bonne position des défenses.

Avant de quitter le bateau, il est préférable de dessaler le pont, de ranger les coussins et de couper les batteries. En navigation, il est sage de ranger les bouts et les défenses dès que la place de port est quittée, afin que rien ne traîne dans l’eau.

Le pilote doit toujours garder la main sur la commande pour agir instantanément en cas de vague ou de danger imminent. Un coupe-circuit de rechange sera utile dans la console si le pilote tombe par-dessus bord. Il est également conseillé d’utiliser le trim à bon escient, le baisser pour déjauger, puis le lever en navigation par mer belle pour soulager l’étrave et consommer moins. Levez également le trim en eaux peu profondes. Dans le clapot, baissez-le pour trancher  la vague avec le V d’étrave. Par vent ou mer de travers, les flaps permettent également de rectifier l’assiette du bateau et d’améliorer le confort des passagers. Enfin, soyez attentifs aux navires dont la route converge avec la vôtre.

LE CYPRUS CEMENT FAIT UN STRIKE PORTUAIRE par moteur-boat

Mouiller avec méthode

Les zones de mouillage fréquentées imposent une vitesse réduite et une certaine discrétion. Le mouillage doit être facile d’accès, abrité du vent et rapide à évacuer, indépendamment de la hauteur d’eau. Le marnage ou l’amplitude de marée est aussi un facteur crucial ; certains mouillages assèchent en cas de forts coefficients de marée, mais pas en mortes-eaux. Un examen de la carte permettra d’éviter les zones parcourues par des câbles, des tuyaux ou encore les fonds où gisent des épaves.

Gardez à l’esprit qu’il faut pouvoir filer une longueur de chaîne égale à trois ou quatre fois la hauteur d’eau (de la marée haute du jour !). Quand la zone est choisie, il faut effectuer la manœuvre de mouillage face au vent et en prenant en compte le rayon d’évitage pour ne pas cogner les autres bateaux lorsque le vent tourne. Mettez des gants et des chaussures si vous devez manipuler l’ancre et la chaîne.

La bonne technique est de commencer par avancer lentement jusqu’au point où l’on veut faire crocher l’ancre. Une fois à l’arrêt, il faut lentement filer la chaîne pour ne pas recouvrir l’ancre quand elle touche le fond. Puis la chaîne est déroulée par petites séquences pour éviter les « paquets ». Lorsque la longueur souhaitée est filée, il faut continuer à lentement culer pour que l’ancre se mette en position ; un coup de marche arrière permettra ensuite de la faire crocher correctement.Si vous envisagez de passer la nuit sur ce mouillage, il est utile de déplier l’échelle au cas où quelqu’un tomberait par-dessus bord. Pour relever l’ancre, procédez progressivement et avancez au moteur pour limiter les efforts sur le guindeau. Dans le cas d’un relevage à la main, attention au dos !

Profiter !

La mer reste un fabuleux espace de liberté – du moins pour l’instant. Une fois les bons réflexes acquis, un seul mot d’ordre à bord subsiste : prendre du bon temps… Alors, bonne navigation !

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